LETTRE A L'ATTENTION DU PRESIDENT DU SITAC EN DATE DU 29 JUIN 2015


 
 
 
 
 
 
 
 
Monsieur le Président,         

Nous référant à l’interview que vous avez donné dans la presse locale, nous déduisons que Madame la Sénatrice Maire de Calais et vous-même avez rejeté les propositions formulées par M. le Maire de Marck, 2ème Vice-président de l’agglomération de CAP CALAISIS.

Nous vous rappelons que ces propositions de bon sens auxquelles le MEDEF Côte d’Opale était prêt à souscrire, préconisaient

-          de ramener le taux de versement transport à 1.25 % à effet du 1er janvier 2016.

-          de constater que la taxe fixée à 2 % au 2ème semestre 2015 permettait d’écarter l’urgence budgétaire en couvrant trois années de déficit structurel du SITAC.

-          d’engager une concertation entre élus et acteurs économiques sur le réseau de transport et la définition des investissements qui y sont attachés. Ce qui permettrait de vérifier si le projet d’investissement de 30 M € n’est pas surdimensionné pour une agglomération de la taille de CAP CALAISIS.

1. Absence d’évaluation de la pertinence de l’investissement projeté.

En premier lieu. Peut-être savez-vous que la Cour des Comptes vient de publier le 18 juin dernier, son rapport sur « la situation et les perspectives des finances publiques ». Nous y relevons le rappel de l’obligation légale suivante au chapitre V paragraphe III page 161 :

     III. «  Une pertinence des investissements publics à mieux évaluer.

Il n’y a pas de signes manifestes d’un sous-investissement public en France, mais de nombreux rapports, notamment ceux de la Cour, mettent en évidence la pertinence insuffisante des investissements réalisés. Si l’investissement public a, dans certaines conditions, des effets favorables à l’activité économique à court terme, la décision d’investir ne devrait pas être prise

sur la base de ces effets, qui sont seulement temporaires et risquent d’intervenir à contretemps.

Les investissements publics devraient prioritairement être choisis en fonction de leur impact à long terme sur les capacités de production des entreprises (le PIB potentiel), les conditions de

vie des ménages ou la productivité des administrations. Il est donc nécessaire de les évaluer avant de les engager mais, en dépit des obligations inscrites dans la loi de programmation des finances publiques, leur évaluation reste insuffisante en France ».
 
L’intégralité de ce rapport figure sur le site de la Cour des comptes www.ccomptes.fr .

Nous doutons que le projet d’investissements de 30 M € dans un système de transport, fût-il en partie en site propre, ait fait l’objet de l’évaluation obligatoire rappelée par la Cour des Comptes. Et quand bien même cette évaluation n’était pas obligatoire pour une question de seuil, nous pensons qu’il serait néanmoins pertinent d’y procéder en la circonstance.

La caractéristique « investissement en site propre » ne peut, à notre avis, à elle seule, servir de prétexte à un accroissement du versement transport à son taux maximum légal de 2 % (soit une augmentation de 60 % représentant 0.75 % de la masse salariale au 1er juillet 2015). Cela fera du Calaisis l’agglomération la plus taxée de France, à ce titre, dans la catégorie des agglomérations de 100 000 habitants.

Vous recevez depuis quelques jours de nombreux témoignages d’Entreprises et d’Associations qui tous font état de l’effet récessif de cette augmentation sur leur activité, leurs investissements, sur l’emploi, et le pouvoir d’achat de leurs salariés.

Nous ne comprenons pas votre obstination à refuser de prendre en compte ces témoignages.

Nous constatons que l’Autorité Organisatrice des Transports du Calaisis a décidé d’accroître cette taxe avant-même :

-          d’avoir établi un plan de financement sérieux de cet investissement (Quel est le montant prévisionnel des subventions du FEDER et de la Région ? Quel est le montant des travaux de voiries qui seront pris en charge par la ville de Calais ?  Quel sera le montage financier du contrat du pôle d’échange multimodal ?) ;

-          d’avoir établi un compte prévisionnel de fonctionnement après investissement, afin d’évaluer les recettes fiscales nécessaires à l’équilibre d’exploitation :

-          d’avoir procédé à l’évaluation de l’impact à long terme de cet investissement sur les capacités de production des entreprises.

Le manque apparent de rigueur de ce dossier nous rend perplexe.

2. Les questions posées par la gestion du réseau de transport calaisien. 

En second lieu, la Commission de travail proposée par M. le Maire de Marck nous aurait permis

-          d’identifier clairement l’origine du déficit structurel de 900 000 € par an

-          pourquoi un Vel’In a coûté en fonctionnement 2 142 € en 2014 ;

-          de comprendre pourquoi un trajet sur la navette fluviale LA MAJEST’IN coûte 13,50 € contre 2,48 € pour un trajet en autobus (tous types confondus).

-          de vérifier si les soirées prestiges, dont le SITAC fait la promotion à grand renfort de publicité sur son site internet, ne sont pas subventionnées par le versement transport.

Nous sommes parfaitement conscients du fait que certaines lignes ou tronçons de transport sont par nature déficitaires : chaque citoyen ayant le droit au même service de transport qu’il soit domicilié en cœur de ville ou en périphérie d’agglomération.

Nous sommes parfaitement conscients de la nécessité de certains investissements, tel la fibre optique haut débit par exemple.

Nous sommes parfaitement conscients qu’il faille des impôts justes et proportionnés pour faire face aux Services Publics et aux investissements utiles à la collectivité.

De là à oser un parallèle avec l’hôpital public pour justifier un déficit « structurel » du système de transport calaisien, il y a un pas que nous ne franchirons pas avec vous. (NORD LITTORAL du 26 juin 2015).

Nous refusons la gabegie. Ce sont ces méthodes qui ont amené CAP CALAISIS à se trouver aujourd’hui au seuil d’une mise sous tutelle de l’Etat. Ce qui pourrait se conclure par une nouvelle hausse d’impôt pour les entreprises (et pour les ménages cette fois-ci).

3. Rapports TRANSORCO et TRANSAMO.

En troisième lieu, nous avons pris acte du fait que vous avez refusé, lors de notre rencontre du 15 juin dernier, de nous fournir spontanément les rapports TRANSORCO et TRANSAMO qui nous auraient certainement permis d’accéder à des informations utiles à une bonne appréhension du dossier.

Nous vous en demanderons donc communication par courrier séparé, dans le cadre du droit de communication organisé par l’article L2121-26 du Code général des collectivités territoriales.

Nous nous étonnons qu’une « mission d’étude d’opportunité et de faisabilité d’un pôle d’échange multimodal et de mise en œuvre d’un transport en site propre » puisse avoir été confiée à une filiale de TRANSDEV, alors que la STCE elle-même filiale du même groupe verra la DSP dont elle est titulaire arriver à échéance le 31.12.2016 après prolongation d’une année.

Une telle mission n’aurait-elle pas dû être confiée à un cabinet indépendant ?

4. Le financement du réseau de transport boulonnais.

Enfin, que vous puissiez affirmer par voie de presse (NORD LITTORAL du 26 juin 2015) « …Boulogne par exemple, a aussi augmenté le versement transport… », relève d’une volonté
manifeste de désinformation. Après vérification, le taux de versement transport applicable dans le périmètre de la Communauté d’Agglomération du Boulonnais, demeure fixé à 1,25 % au 1er

Juillet prochain. Que les transports boulonnais soient en partie financés par l’impôt ménage nous apparaît relever de la bonne gestion. Cela permet à la fois de responsabiliser l’élu vis-à-vis de ses électeurs, et les usagers vis-à-vis du respect dû aux moyens publics mis à leur disposition.

En conclusion, nous vous demandons

-          de reconsidérer votre position quant aux propositions formulées par M. le Maire de Marck ;

-          de procéder à l’évaluation de l’investissement public d’un Pôle d’Echange Multimodal et d’un Transport en Commun en Site Propre de 30 M € dans le Calaisis, évaluation dont le caractère nécessaire a été rappelé par la Cour des Comptes.

Ce dossier apparaît comme n’étant pas cohérent avec l’objectif d’évolution de la dépense locale (ODEDEL), tel que décrit par la Cour des Comptes dans le rapport précité. Aussi, nous la rendons destinataire du présent courrier.

Il ne s’agit pas de polémiquer. Mais nous estimons, en la circonstance, devoir engager un débat de fond sur la gestion des affaires publiques du Calaisis, dans l’intérêt de l’emploi et de la catégorie de contribuables que nous représentons : les Entreprises.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre considération distinguée. 


Jean-François DIDIER,                                                       Patrick GHEERARDYN,
Président.                                                                                     Délégué Général.
MEDEF Littoral Pas-de-Calais.


Copie : M. le Président de la Cour des Comptes.

             M. le Président de la Cour Régionale des Comptes

             Messieurs les Maires et leurs représentants au SITAC

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